Hilarious Riders : des motocyclistes engagés dans la communauté
Le groupe Hilarious Riders. Crédit photo : Ismaël Koné
31/7/2025

Hilarious Riders : des motocyclistes engagés dans la communauté

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Suzuki SV, Yamaha R7, Kawasaki Ninja ; de nombreuses motos sont alignées, en ce samedi de la mi-juillet, le long du terrain de basket du parc Don-Bosco, à Rivières-des-Prairies, pour un tournoi organisé par les Hilarious Riders. Nous nous sommes rendus sur place, pour rencontrer certains des membres de ce club de moto à visée solidaire. Portrait.

« Hilarious Riders, c’est un club de moto axé sur les œuvres caritatives. C’est la seule chose qui nous différencie et qui fait notre longévité. Les clubs de moto, ça vient et ça part, parce qu’il n’y a pas cette pierre angulaire qui fait en sorte que les gens veulent continuer à s’investir », explique Alberto Speech, alias Spook, vice-président du club.

Accoté à son Campagna T-Rex, habillé d’une camisole en cuir, verres fumés devant les yeux et chaîne en or autour du cou, il respire la confiance en soi.

« On veut montrer que c’est cool d’être “legit”. J’ai mes “J’s” dans mes pieds, mon “gold” à mon cou… Pour avoir des affaires comme ça, on n’est pas obligé d’être dans le sale. Tout le monde travaille dans le groupe. Même si on a l’air badass, on ne fait rien d’illégal ! »

Lui-même porte de nombreux chapeaux. Pompier au sein du Service de sécurité incendie de Montréal, il est capitaine de la caserne de Montréal-Nord. En parallèle, il est également enseignant en techniques de sécurité incendie, au Collège de Montmorency, ainsi que conférencier.

C’est cependant le rôle de militant impliqué dans la communauté qui le garde « le plus motivé ».

Le club Hilarious Riders participe à un tournoi de basketball, organisé dans le cadre du Festival Urbain de RDP (Rivière-des-Prairies) le 12 juillet. Les fonds amassés seront remis à la mission humanitaire en Afrique. Crédit photo : Ismaël Koné

« On a des programmes de parrainages de jeunes. Souvent des parents monoparentaux nous contactent parce qu’ils ont des difficultés avec leur jeune. Nous, on vient les rencontrer, on les encadre et on leur propose des activités avec nous », souligne Alberto Speech.

Derrière lui, le tournoi de basket suit son cours. Les fonds amassés lors de l’événement serviront à financer des orphelinats au Togo et au Bénin, dans le cadre d’une mission humanitaire qu’effectuera le groupe en janvier 2026.

« C’est difficile d’être dans les Hilarious Riders, parce que tu dois donner ton temps et ton énergie à des gens que tu ne connais pas, explique-t-il. La chose qu’on demande, c’est d’avoir le cœur à la bonne place. »

Il rappelle à ce propos qu’il y a toujours de nouvelles causes à défendre, et que c’est ce qui donne aux membres une motivation de continuer à se rassembler.

Jeff Beaulieu, alias Mozbius est pour sa part dans le groupe depuis ses tous débuts. « Je suis un “OG (Original Gangster)” » , constate en riant celui qui travaille dans le domaine de l’informatique.

« C’est la réalisation d’un rêve. Au début, on n’a pas pensé faire un groupe de moto. On est parti avec un groupe d’amis qui voulaient simplement avoir du plaisir ensemble, puis de partager ce plaisir avec d’autres personnes », se souvient-t-il.

Peu à peu, le groupe a grandi, s’est structuré, et est devenu le club tel qu’il existe aujourd’hui, avec sa mission sociale, partie prenante de ses activités.

« Ce dont je suis le plus fier, c’est qu’après 25 ans, on existe encore », s’exclame Mozbius.

Rejoindre le groupe

« On ne recrute pas, mais si des gens sont intéressés à ce qu’on fait, au fur et à mesure qu’on les voit, on peut enclencher le processus », explique Alberto Speech.

Un nouveau venu devient d’abord un « hang around », rôle dans lequel il est invité à prendre part à différentes activités du club. C’est un moment d’observation. À l’étape suivante, la personne est promue au rang de « prospect », une période de probation durant laquelle on doit montrer son désir de devenir membre à part entière. Le processus se termine après une certaine période de temps lorsque le motocycliste devient « full patch ». Une structure qui est semblable dans de nombreux clubs de moto.

« On ne cherche pas à aller chercher le maximum de membres. On veut des soldats, des gens qui seront là pour rester, et qui comprennent ce qu’on fait », ajoute-t-il.

Professionnelle en ressources humaines et fondatrice de l’organisme Jeunes athlètes de Montréal (JAM), Fatou Camara a été nommée en 2024 l’une des 100 femmes les plus influentes au Canada par le Women's Executive Network. Elle a récemment intégré le club en tant que « prospect », ayant d’abord et avant tout été attirée par leur implication communautaire. Elle cite les valeurs du groupe, dont l’esprit de famille et l’entraide, parmi les éléments qui l’ont incitée à s’y joindre.

« Ça fait 15 ans que je fais de la moto. Je peux aller loin rapidement toute seule, mais en me joignant au club, je ressens un sentiment d’appartenance à quelque chose de plus grand que moi », souligne Fatou, appuyée sur le siège de sa Suzuki SV650.

« Je les ai rejoints parce que je voulais ajouter ma force à la communauté », mentionne-t-elle.

Fatou Camara, une membre 'prospect' du club Hilarious Riders. Crédit photo : Ismaël Koné

Coach, qui tire son nom de la profession qu’il exerce, a rejoint le groupe il y a seulement un an, bien qu’il connaisse plusieurs de ses membres depuis bien plus longtemps. Pour lui, le club est devenu une seconde famille. Ce qui le rend le plus fier est de pouvoir redonner à la communauté.

« Les jeunes voient qu’il y a des groupes de moto, que ce n’est pas juste le créneau de gang de rue, mais qu’on est là pour une bonne cause. On veut leur donner une bonne image. On veut que les jeunes voient ça et le recréent dans leur futur. » 

De son côté, Ivy est dans le groupe depuis maintenant plus de 10 ans, y occupant le rôle de gestionnaire de projet. C’est lors d’une collecte de sang organisée au bénéfice d’Héma-Québec, qu’elle a découvert les Hilarious Riders.

« C’est là que j’ai vu l’implication que le groupe avait dans la communauté. C’est venu chercher un côté humanitaire qui m’avait toujours intéressée, mais que je ne pouvais pas mettre en pratique dans mon quotidien. »

Un quart de siècle après sa fondation, le club de moto des Hilarious Riders est toujours là, et ses membres sont plus impliqués que jamais. Ils espèrent continuer encore longtemps à faire rugir leur moteur pour faire avancer la communauté.

L’actualité à travers le dialogue.
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